Rôle de la Communauté Internationale
Qu’en est-il du rôle qu’a joué la communauté internationale tout au long de cette hécatombe ?
Sa responsabilité n’est plus à prouver. Elle n’a pas su réagir pour mettre un terme aux événements. Malgré quelques actions ponctuelles, ni l’ONU, ni les Etats-Unis, ni la France n’ont su se montrer efficaces.
Le désastre était prévu et organisé à l’avance. Il est difficile de s’imaginer que l’ONU n’en savait rien. Deux semaines après le début des massacres, l’ONU retire ses troupes pour ne laisser qu’une force symbolique de 270 soldats. Alors que rien ne permet de penser que les soldats de l’ONU étaient visés par les attaques.
Ce n’est que le 16 mai, un mois et demi après le début des massacres c’est-à-dire vraiment très tard, que 5500 troupes sont envoyées sur place pour défendre les civils en danger.
Mais, alors que la situation s’aggrave et que le nombre de tués s’accroît, on n’ose employer dans les salles de réunion le terme de « génocide ».
Cette terminologie dérange. En effet, parler de génocide aurait contraint les signataires de la Convention Internationale pour la Prévention et la Suppression de Génocides à « prévenir et punir » ces violations criminelles des Droits de l’Homme.
Les USA ont eux aussi fait preuve de confusion et de lenteur, mais ont été moins inefficaces que d’autres peut-être… Des hommes politiques ont fait des déclarations publiques pour condamner les massacres. Plus de 50 millions de dollars ont été attribués pour aider les réfugiés. Des efforts ont été mis en oeuvre pour interrompre les attaques. Il aurait fallu bien plus encore, mais au moins on ne peut leur reprocher de n’avoir pas participé à l’effort de paix.
Pour ce qui est de la France, on sait aujourd’hui de source sûre qu’elle a contribué à l’armement et à l’entraînement de l’armée rwandaise. En 1990, puis en 1993, elle a envoyé des hommes contre le FPR, ce qui n’a pas été le cas en 1994.
La France a montré à cette époque un immobilisme certain… et refuse toujours ces accusations aujourd’hui.
Toutes ces morts auraient pu être évitées. Si la réaction de la communauté internationale avait été plus rapide et si, bien sûr, l’intérêt pour sauver la population rwandaise avait été plus grand, tout ceci ne serait pas arrivé.
« Le monde ne voulait rien savoir du Rwanda. Les Rwandais ne comptent pas dans les enceintes où les grands de ce monde prennent les décisions. Chacun se souvient de la centaine de morts, victimes d'un bombardement, sur le marché de Sarajevo. Mais les 800 000 morts Tutsi sont presque oubliés aujourd'hui. (...) Il y a ceux qui comptent - les Yougoslaves blancs, européens - et ceux qui ne comptent pas - les Noirs en plein cœur de l'Afrique. » (Général Dallaire, commandant des casques bleus, lors d’une Conférence de Presse à Paris le 16 février.)
Aujourd’hui, peu de chefs d’état ont pris la peine de se rendre à Kigali où se déroulent actuellement les cérémonies du dixième anniversaire du génocide.
N’est-ce pas la démonstration même de l’indifférence des puissances occidentales à l’égard de la tragédie qui a dévasté le Rwanda et causé la mort d’un million de personnes ?
Si une horreur de cette ampleur se reproduisait, la richesse des puissances mondiales servirait-elle à sauver des vies humaines, même si ces vies humaines ne servent pas l’économie mondiale ?
Tout nous permet d’en douter….