Les extraits foliaires de luzerne
en supplémentation des rations alimentaires
dans les prisons de Madagascar

Rapport du docteur Fidolin ANDRIANASOLO
Médecin-Chef du programme MEDICAP
Antananarivo, le 12 janvier 2005



Situation alimentaire dans le milieu carcéral malgache


L’alimentation dans les prisons malgaches est insuffisante en volume et peu variée. Elle est constituée quasi uniquement de manioc ou de riz.
Les quantités journalières ne couvrent pas, loin de là, les besoins en calories. De plus, le riz, et surtout le manioc, sont carencés en éléments nutritifs indispensables à l’équilibre alimentaire : protéines, vitamines, lipides et minéraux.

La situation sanitaire déplorable qui prédomine dans le milieu carcéral est le résultat direct du déficit nutritionnel.
Elle se caractérise principalement par une perte de poids importante, une anémie, des pathologies liées à la malnutrition : infections respiratoires, diarrhées, maladies de la peau, moindre résistance du système auto-immunitaire et, fréquemment, les symptômes de la malnutrition protéique, à savoir oedèmes des membres inférieurs bi-latéraux, chute des cheveux, vertiges, troubles de la vision dus au déficit en vitamine A.
Le taux de mortalité est anormalement élevé.

Les extraits foliaires de luzerne (EFL)

Fin 2003, l’association française SOS Enfants a envoyé à Médicap 1000 kg d’extraits foliaires de luzerne (EFL) dans le but d’expérimenter leur effet en supplémentation dans les rations carencées des prisons.

Les EFL sont des concentrés de luzerne contenant, sous un volume très réduit, tous les éléments nutritifs qui manquent dans le riz ou le manioc.
Ils sont proposés par l’APEF (Association pour la Promotion des Extraits Foliaires en nutrition) et déjà distribués dans plusieurs pays pour les enfants et les mères, mais jamais dans les prisons.


Extraits foliaires de luzerne contre malnutrition


Premières utilisations des extraits foliaires de luzerne : observations


Les premières supplémentations ont été effectuées à la prison de Tamatave sous le contrôle de Soeur Jeanne d’Arc. Après un mois et demi, 84 détenus ont vu leur poids augmenter de 0,5 à 2 kg, 11 autres sont restés stables et 1 prisonnier a perdu 1 kg, mais son oedème a disparu.

J’ai conduit moi-même un autre essai de 4 semaines, toujours à Tamatave, sur 100 prisonniers, dont 8 femmes, pour lesquels le BMI-IMC était inférieur à 18,5.

Rappelons que le BMI-IMC est un indicateur qui se calcule avec le poids divisé par la taille au carré. Il est estimé qu’un indice BMI-IMC inférieur à 18,5 correspond à un début de malnutrition.

Résultat global de cette étude :
Apport de EFL = 10 g en complément des 300 à 500 g journalier de manioc.
Ceci a conduit Médicap à élargir l’utilisation des EFL à 330 individus. J’ai alors pu constater que la prise de poids était fort différente selon le volume de la ration de base et qu’il était indispensable que les EFL soient associés à la quantité minima de calories évitant le seuil de dénutrition. Cette quantité devrait se situer à 500 g minimum de riz ou de manioc par jour.

On n’est souvent qu’à 300 g. Dans ce cas le poids continue à diminuer ; j’ai pu néanmoins constater une amélioration de l’état général et en particulier la disparition des oedèmes, de l’anémie, des vertiges et une diminution sensible de l’asthénie.

Par ailleurs, durant les 6 derniers mois, nous avons noté une diminution importante de décès par rapport au semestre précédent, malgré un effectif presque doublé.


Extraits foliaires de luzerne : programmes en cours


Programmes de renutrition poursuivis par Médicap


Nous avons organisé l’utilisation des extraits foliaires de luzerne dans les prisons de Tamatave, Vatomandry, Mananjary, Manakara, Farafangana et Fort-Dauphin, en tenant compte de l’état nutritionnel des prisonniers.

Nous supplémentons les individus à partir d’une dénutrition de stade 1, c’est à dire lorsque le BMI-IMC est inférieur à 18,5. Ceci représente actuellement 465 détenus sur un total de 3 883, soit 12,13 % de la population carcérale.

Nous avons demandé à l’administration pénitentiaire de fournir au moins 500 grammes de riz ou manioc par jour.

Conclusions

En tant que médecin, l’introduction des EFL dans l’alimentation des personnes incarcérées me permet d’affirmer qu’il y a là une solution originale et peu coûteuse au problème de la malnutrition dans les prisons.

Il va sans dire que, si nos moyens le permettaient, c’est toute la population carcérale qu'il serait souhaitable de supplémenter en EFL car ils représentent le complément idéal, du point de vue nutritionnel, des pauvres rations caloriques des prisonniers, pour le prix modique de 13000 à 18000 Ariary (5 à 7  €) par an.

C’est pourquoi, pour une première étape, mon souhait serait que les autorités observent les premiers résultats que Médicap a déjà obtenus.
Certains me semblent miraculeux quand les EFL sont associés à un minimum de 500 grammes de nourriture par jour.
Je proposerais ensuite que le gouvernement finance un programme de contrôle et d’étude selon un protocole scientifique défini par des médecins et des nutritionnistes.

En cas de réussite, Madagascar pourrait alors produire des EFL qui conviendraient aussi pour d’autres catégories de population exposées à la malnutrition et qui ne peuvent avoir accès à des nourritures riches et variées à cause de leur faible pouvoir d'achat.


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